Jean-Pierre Sauvage : Le dynamisme actuel est produit par la clientèle loisirs.
Malgré des ajustements à la hausse effectués sur les tarifs, nous ne sommes pas sur les prix pratiqués dans le voyage d’affaires. Après nous observons très clairement une tendance haussière, même si nous ne savons pas si elle durera dans le temps.
Cette dynamique s’explique par une demande plus forte que l’offre aérienne, toujours en retrait par rapport à 2019, à cela vous incluez la flambée du prix du baril et vous obtenez une hausse des prix, comme a pu le constater la DGAC.
L’inadéquation entre l’offre et la demande a entraîné une augmentation des prix pour les vols vers les Antilles de 7 à 8% par exemple.
TourMaG.com – Arrivez-vous à jauger les conséquences du prix du baril ?
Jean-Pierre Sauvage : D’ores et déjà, nous constatons une répercussion des cours du baril sur les prix des billets. Celle-ci ne reflète pas encore l’évolution.
Actuellement, tout le monde se contente du taux de remplissage de ses appareils pour l’été, c’est un peu l’objectif de l’ensemble des acteurs du marché. Nous verrons par la suite, les effets réels de la flambée du pétrole.
En somme, tout le monde profite de l’appel d’air, pour s’engouffrer et profiter du dynamisme retrouvé.
Cela vous a fourni l’inclusion du carburant d’aviation substainable (SAF) à hauteur de 1 %, ce qui est tout sauf la panacée au niveau économique. Le SAF aura des conséquences assez pérennes sur les prix.
TourMaG.com – Au lieu d’être vu comme un frein, le SAF pourrait aussi devenir un argument marketing. Je suis persuadé que des voyageurs sont prêts à mettre quelques euros de plus, avec la promesse de voyager plus proprement…
Jean-Pierre Sauvage : Le consommateur, nous leur demandons déjà par le biais de la compensation.
Autant certains sont extrémistes, autant d’autres n’ont pas une considération aussi poussée de leur responsabilité en terme écologique. La compensation n’est pas la pierre philosophique, pour réduire drastiquement le CO2.
Le futur de cette baisse importante passera par le SAF ou une rupture technologique. Le Green Deal européen, dont nous pouvons discuter les objectifs, car 2% de SAF en 2025 et 5% en 2030, le compte est loin d’y être.
En plus de ne pas avoir les capacités de production, le coût est élevé, dans une fourchette de 4 à 8 fois plus élevée que le pétrole.
TourMaG.com – Il est étrange de constater, une hausse du prix des billets, alors qu’ils ne se traduisent toujours pas par celui du baril. Il y a toujours un tour de temps de plusieurs mois. Le pire n’est-il pas à venir ?
Jean-Pierre Sauvage : Bien sûr qu’il y a un décalage, sauf que nous retrouvons avec une volonté de rentabiliser son offre aérienne.
Si la demande est là, mais que l’offre n’est pas toujours adaptée, il y a un phénomène d’ajustement. Nous sommes encore dans cette mécanique de marché.
Les transporteurs n’ont pas une couverture à long terme, puis la hausse du pétrole ne date pas du déclenchement de la guerre en Ukraine.
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